Crop-circle de Valence
Référence principale de l'article: culture crop
Ordinairement, il n’y a que très peu de crops circles en France (cela concerne principalement les milieux anglosaxons et l’europe de l’est). Or, si les auteurs du crop circle de Valence-Est sont sur la même « longueur d’onde » qu’outre manche, il faut savoir qu’en général ils semblent particulièrement apprécier d’inscrire leurs réalisations dans une double corrélation spatiale et temporelle: c'est l'hypothèse d'une dynamique croisée qui a été proposée sur U-Sphere depuis quelques mois déjà. C'est-à-dire :
- d’une part, réaliser un lien entre le symbole présenté et l’environnement dans lequel il s’inscrit [aspect spatial], et,
- d’autre part, réaliser une relation entre le symbole et le moment auquel il est présenté [aspect temporel].
De plus, cette sémantique croisée s’appuie largement sur un fond « spirituel » dont les valeurs « écologiques » peuvent faire partie. Compte tenu de ce contexte, le crop circle de Valence-Est pourrait donc respecter cette double (ou triple) exigence. En savoir un peu plus, nous informerait sur le sens du message, et par conséquent sur les auteurs ainsi que leurs motivations.
Contents
Aspect temporel / que nous dit l’actualité ? Quelle est l’histoire du site ?
En l’occurrence, l’actualité « locale » est riche en événements nucléaires :
7 juillet | niv. 1 | 74 kg d'uranium en solution s'échappent de la cuve de la Socatri (Areva), sur le site du Tricastin |
10-17 juillet | Bollène, AEP 4 (= Alimentation Eau Potable n° 4), des mesures montrent que la nappe phréatique est contaminée | |
10-juil | niv. 0 | Romans-sur-Isère (usine FBFC d'Areva) |
17-juil | niv. 0 | 15 employés de maintenance légèrement contaminés dans l'isère |
23-juil | niv. 0 | 97 salariés légèrement contaminés par des particules radioactives (39 présentent des traces inférieures au seuil d’analyse et 61 de faibles traces de radioéléments, inférieures au quarantième de la limite réglementaire). |
Il faut rappeler qu’il y aurait eu 86 incidents de niveau 1 l'année dernière (par définition, un incident de niveau correspond à « une anomalie en raison d'une défaillance de matériel, d'une erreur humaine ou d'une insuffisance dans l'application des procédures. Une centaine d'événements chaque année. »). Soit un à deux incidents par semaine en moyenne (!). Il n’y a donc rien d’exceptionnel en ce moment si ce n’est les médias qui semblent porter plus d’attention que d’ordinaire à ce sujet (ce qui n’est pas un mal). A quoi cette attention est-elle due ? Je n’en sais rien. Si vous le savez, la réponse m’intéresse.
D’après ce qui m'a été rapporté, le crop circle a été observé pour la première fois le 8 juillet et les premières études in-situ ont eu lieu une semaine après (photos, vidéos, relevé d'échantillons: nous y reviendrons). Un micro-phénomène climatique "curieux" (tourbillons) aurait été observé au dessus du champ aux environ du 20 juin, (sans qu'une corrélation directe soit possible). Le date du 8 juillet est compatible avec l’événement médiatique provoqué par la fuite de la cuve de la Socatri, le 7 juillet sur le site nucléaire du Tricastin.
Aspect géographique / spatial
Évidemment, le crop circle n’est pas à proximité de l’une des centrales nucléaires. Cela rend la relation relativement osée (habituellement, la proximité avec un site particulier est directe). Les motivations qui recouvrent le choix du site peuvent-être très diverses : peut-être s’agit-il tout simplement de l’un des champs les plus accessibles depuis Valence ? Si l’on se place dans l’hypothèse d’une corrélation spatiale telle qu’envisagée en préambule, le lieu peut-être aussi être historiquement particulier (à vérifier, si l’on peut avoir des informations).
Reconstitution : vue de dessus de la formation : annulation de la perspective
En utilisant les différentes photos qui m’ont été fournies par Anne, j’ai pu repositionner et reconstituer la formation sur le terrain et en annulant les effets de perspective :
Et suivant une orientation N-S, voici ce que cela donne :
Les auteurs des crops circles semblent avoir une autre manie (curieuse) qui consiste à créer des rapports simples de proportionnalité entre les cercles qu’ils tracent. Ce n’est pas systématique, mais ici par exemple, elle peut se retrouver (approximativement). Ainsi, si l’on mesure le diamètre des cercles, se distingue deux groupes :
diam. mesuré (pix) | x | x.d1_unité | erreur |
153 | 6 | 153,0 | 0 |
101 | 4 | 102,0 | 1 |
76 | 3 | 76,5 | 0,5 |
52 | 2 | 51,0 | -1 |
N/A | 1 | 25,5 | N/A |
(le diamètre unité 1 qui ne correspond à aucune figure ferait ici 25,5 pixels. Ce diamètre est arbitraire et est lié à la taille de l'image que j'ai utilisée. Ce qui reste conforme, ce sont les rapports de proportionnalité entre les cercles de 2, 3, 4 par rapport à un diamètre de base fixé.)
diam. mesuré (pix) | x | x.d2_unité | erreur |
153 | 17 | 153 | 0 |
64 | 7 | 63 | 1 |
54 | 6 | 54 | 0 |
45 | 5 | 45 | 0 |
N/A | 1 | 9 | N/A |
(le diamètre unité 2 qui ne correspond à aucune figure ferait ici 9 pixels. Les rapports de proportionnalité sont cette fois de 5, 6, 7)
La plus grande figure répond aux deux rapports de proportionnalité : 6 d1 et 17 d2. Peut-être est-ce le fait du hasard? Quoiqu’il en soit, si l’on reporte sur le dessin les groupes précédemment constitués, ils se répartissent comme suit :
Pour être plus précis, il faudrait faire des mesures de distance « in situ ».
groupe 1
Un aspect amusant de ces regroupements est que le premier groupe (rouge) peut se superposer précisément sur les trois centrales de la vallée du Rhône (ce groupe n’est du reste pas parfaitement aligné). Et là, nous recroisons avec la sémantique de la corrélation temporelle (ce qui était le but) :
L’axe du signe « gamma » rejoint la centrale du Tricastin. Ce qui apparait comme le signe « nu » est placé à côté. Il y a également un point pour lequel je ne sais pas donner de signification (ionisation ?).
Parallèlement, on sait que la CRIIRAD dénonce depuis longtemps une situation anormale au niveau de cette centrale. Par exemple dans un article du 21 juillet nous pouvons lire :
« Dans un communiqué de la CRIIRAD, un niveau de rayonnement gamma anormalement élevé avait été mesuré à l'extérieur du site de Tricastin en 2002 et en 2007. La Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité (CRIIRAD) avait réalisé en 2002 des mesures de radioactivité sur plusieurs sites nucléaires en France.
"La CRIIRAD avait mis en évidence un niveau de rayonnement gamma anormalement élevé en plusieurs secteurs à la clôture du site du Tricastin et en particulier côté ouest", affirme le communiqué. »Et justement, l’indication de la radiofréquence gamma et de nu (symbole de la lumière) peuvent corréler cette idée de rayonnement gamma anormal.
groupe 2: hypothèses à vérifier
Concernant le deuxième groupe de points, (si tant est que c'est un groupe indépendant et que cela ait le moindre sens), je n’ai pas d’idée à ce stade si ce n'est les hypothèses suivantes.
- quel est le réseau hydrologique et la position des nappes phréatiques ? La contamination à long terme concerne en effet l’eau. Les deux thématiques eaux et énergie peuvent se croiser sur cette affaire (symbolisée ici par le plus grand cercle).
- Concernant l’histoire plus lointaine, peut-être un rapport avec l’histoire du site où sont situés les crops circles.
Pour mémo : niveaux d’incident sur les centrales nucléaires
Niveau 0 :écarts par rapport au fonctionnement normal des installations, n'ayant aucune importance en termes de sûreté. Plusieurs centaines d'événements chaque année en France.
Niveau 1 :anomalie en raison d'une défaillance de matériel, d'une erreur humaine ou d'une insuffisance dans l'application des procédures. Une centaine d'événements chaque année.
Niveau 2 : contamination humaine à l'intérieur du site et "défaillances importantes des dispositions de sécurité". Trois événements, en 2004 (anomalie sur des coffrets électriques des centrales EDF), en 2005 (anomalie sur des pompes de sûreté de réacteurs EDF) et en 2006 (mauvaise utilisation d'un broyeur de rebuts de fabrication de combustible MOX à Cadarache).
Niveau 3 : "Très faible" rejet avec exposition du public en deçà des limites prescrites, contamination grave sur la santé d'un travailleur. "Accident évité de peu", avec un défaut des barrières de sécurité. En France, deux cas répertoriés: l'incendie d'un silo à La Hague (Manche) en 1981, et en 2002 à l'aéroport de Roissy lors du transit d'un colis suédois vers les Etats-Unis.
Niveau 4 : Rejet "mineur", avec exposition du public de l'ordre des limites prescrites. A l'intérieur du site, endommagement important du coeur du réacteur et des barrières radiologiques, exposition mortelle d'un travailleur. Un seul cas enregistré en France : l'endommagement en 1980 du réacteur A1 de la centrale de Saint-Laurent.
Niveau 5 : Rejet limité, mais endommagement grave du réacteur, des barrières radiologiques. Aucun cas en France. Aux Etats-Unis en 1979 : fusion partielle du réacteur à Three Mile Island.
Niveau 6 : Rejets importants. Aucun cas en France. Un accident en URSS en 1957.
Niveau 7: Rejets majeurs avec effets étendus sur la santé et l'environnement. Aucun cas en France. A l'étranger : l'explosion du réacteur 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine en 1986.
Annexe 1 : fichier kmz
Le fichier "crop-valence.zip" doit être décompressé dans un répertoire. Vous pourrez ensuite lancer le fichier "Crop-Valence.kmz" avec Google Earth.
Annexe 2 : le pays des Tricastins
Les informations regroupées ici servent de point de repère historique. Elles s'inscrivent dans le scénario chronologique proposé sur u-sphère concernant les Crops Circles dont les symboles peuvent être reliés à l'histoire humaine.
Tricastins : première colonie identifiée entre l'an -400 à 0
Les Tricastins (latinisé en Tricastini) sont un peuple celto-ligure de la Gaule narbonnaise.
Ils habitèrent sur le Rhône, et leur capitale fut nommée Augusta Tricastinorum par Pline et Silius Italicus. Tribu gauloise mentionnée par des textes latins, sur le territoire de la ville actuelle. Le pays qu'ils habitèrent se situe principalement là où est maintenant la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux. Il semble qu’ils édifièrent leur première ville connue sur la colline de Barri (du celte « Bar » signifiant rempart) appréciable pour sa position défendable dominant la vallée du Rhône. Cet oppidum (habitat fortifié de hauteur) devint capitale des Tricastini du IVè à la fin du 1er siècle avant J.C. avant l’occupation romaine. La présence des Tricastini dans la plaine est par ailleurs attestée par un habitat du Vè siècle avant notre ère découvert dans la cour de l’hôtel de l’Esplan, dans le centre historique de Saint Paul Trois Châteaux. Sous l’Empire romain, une véritable cité fut fondée dans la plaine au détriment de Barri, site perché ne permettant pas un développement urbain classique. Située dans un vallon semi-circulaire entouré de collines, Augusta Tricastinorum devint alors la capitale du Tricastin Romain au cours de la Pax Romana. Elle aurait été élevée au rang de colonie latine de la Narbonnaise, Municipe détenant le pouvoir politique et administratif, représentant Rome, honneur dont peu de villes de la Province romaine peuvent s’enorgueillir. Elle fut dotée d’une enceinte s’inscrivant dans une centurie d’un des cadastres romains découverts à Orange. |
Je remercie Roger, Anne, Eric et Jacques pour leur participation directe ou indirecte à la réalisation de cet article.
michael.vaillant () free.fr