En effet, même s’il existe des points de convergence, (en particulier, nous évoquons tous deux une période de 13 années se déroulant juste avant la fin de l'ère maya actuelle), nous ne nous situons pas du tout au même niveau d'approche: nos objectifs, notre méthode et le sens que nous y attachons diverge.
Pour ma part, il s'agit au départ d'une recherche sur les crop-circles: c'est en réalisant une base de données sur ceux-ci (je désirais évaluer l'évolution de la quantité d'information présente dans les crop-circles) que le rapprochement avec le calendrier des 13 baktuns d'Arguelles a émergé, puis s'est établit. Il s'agit d'une chose que je n'anticipais absolument pas au départ (approche bottom-up).
Calleman ne s'intéressait pas aux crop-circles: il est parti de facto des calendriers Maya et de cycles comprenant 13 fois ces calendriers pour calquer leur chronologie sur notre vision du monde (approche top-down): considérant qu'ils devraient permettre une lecture des événements passés, présent et futurs (car ce sont cycles).
Calleman nous explique que 9 calendriers Maya (tun, katun, baktun, pictun, kalabtun, kinchiltun, alautun, hablatun) suivraient chacun à leur échelle, des cycles répétés 13 fois. Ces cycles calendaires, emboîtés comme des poupées russes, détermineraient le cours des événements à différentes échelles de temps, dans un rapport, à une exception près, en puissances de 20 (voir à droite, la pyramide).
Un cycle de 13 décrit une alternance de "jours" et de "nuits": 7 "jours" et 6 "nuits" représentant 7 périodes de lumière et 6 périodes d'ombre dans la conduite des événements du monde. Par exemple, sur la base de 13 fois le calendrier Tun de 360 jours :
A partir de ce type de schéma, Calleman projette et prédit des cycles d'événements de tous types: économie, conflits, progrès, etc.
Cette vision soulève plusieurs problèmes, notamment:
Mais je reviendrai à la fin de cet article de façon un peu détaillée sur l'exemple des cycles économiques qu'il fournit.
Avant de comparer le modèle de Calleman à celui que je propose, je reviens rapidement sur ses principes. Je me situe dans une démarche inverse à la sienne, c'est à dire dans une approche "bottom-up" qui partant des informations collectées sur le terrain, m'a permis de constater plusieurs choses :
Ces éléments m'ont amené à penser qu'il y avait quelque chose à en retirer en termes d'histoire et de chronologie. D'où l'idée de projeter sur un graphe les dates d'apparition dans les champs des crop-circles en fonction de la date d'apparition (dans l'histoire de l'humanité) des symboles qu'ils décrivent.
C'est ainsi que j'ai pu observer que cela décrivait une droite de régression linéaire: les crop-circles makers avancent dans le temps chaque année réelle d'environ 400 ans dans l'histoire. Ultérieurement, cherchant un calendrier des symboles permettant de rendre compte de cette frise chronologique, j'ai constaté que José Arguelles avait réalisé un "calendrier des 13 baktuns" qui rendait parfaitement de cette progression (ce qui n'est peut-être pas fortuit).
Et voici une frise chronologique de quelques un de ces symboles :
Si, personnellement, je m’en tiens au plan symbolique, selon la présentation de Calleman, il existerait une VERITABLE et REELLE forme de correspondance entre les échelles de temps des calendriers Maya: ceux-ci façonneraient, par une succession d’événements cycliquement « positifs » ou « négatifs », la conduite des événements de l'univers.
Et, il existe une correspondance entre chaque niveau d’échelle de ces phases "d'ombre" et de "lumière". Comme ici entre les cycles des Tuns et des Baktuns (choisis pour comparaison avec le graphique suivant).
Cette vision en cycles positifs et négatifs ne signifie pas qu’une séquence d’événements se retrouvera dans une vision condensée à une échelle inférieure. Ce qui laisse une certaine liberté interprétative à posteriori.
Ici la projection des événements va de l'échelle des Baktuns à celle des Années (cycles de 364,25 jours au lieu de cycles de 360 jours pour Calleman) est uniquement symbolique : par le biais de crop-circles, chaque baktun est symboliquement représenté dans une année réelle/actuelle avec laquelle il est mis en correspondance.
De plus :
Enfin, je rappelle que ceci ne saurait pas expliquer tous les crop-circles (loin de là!) compte tenu de la multiplicité d'acteurs !
Je n'adhère pas vraiment à cette idée, mais pourquoi ne pas tenter de l'approcher grossièrement: y aurait-il une projection autre que symbolique des événements passés vers le temps présent ? C'est à dire une correspondance avec la réalité ?
A mon sens, il me parait prématuré de vouloir répondre maintenant à cette question et ce sans :
En effet, tant qu'il s'agit de crop-circles, il est toujours possible que des organisations y projettent leurs fantasmes, croyances, idées, etc. Et donc d'y observer une corrélation avec des événements passés: pourquoi pas.
Cependant, dans le cas présent, il s'agit de la réalité en tant que telle qui se plierait à un déterminisme froid, faisant écho à un lointain passé: une hypothèse difficilement compréhensible et le cas échéant qui ferait froid dans le dos (et puisque nous serions totalement impuissant à changer quoi que ce soit).
En même temps, une réponse par l'affirmative nous rapprocherait un peu de l'idée de Calleman ou d'Arguelles pour lesquels l'univers vit des cycles qui se répètent.
En attendant, il est possible d'observer qu'Arguelles semble lui aussi avoir été quelque peu influencé dans son dessin par certaines thématiques présentes dans les mythes et les prophéties. En ce il réalise peut-être un lien avec le passé (sur 13 Baktuns) et le temps présent:
Cela n'est peut-être pas fortuit et correspond à un mécanisme inconscient: ce qui nous a marqué dans le passé reste aussi probablement ce qui continuera à nous marquer dans l'avenir. Au fond, la nature des souffrances et des satisfactions de l'humanité ne change pas véritablement.
C'est anecdotique par rapport à sa théorie, mais je ne partage l'opinion de Carl Calleman concernant le changement à venir et la fin de la recherche de valeurs "abstraites". Du reste, je n'ai pas vu sur quoi reposait une telle idée.
Et je ne vois même pas comment une telle chose serait possible !
Premier point, sur le plan philosophique, je pense que l'homme est fait pour explorer l'univers, partager ses créations culturelles et intellectuelles: il n'a selon moi guère d'autres objectifs supérieurs. En cela, se dégage un concept commun qui confère à l’homme toute son « humanité » : la lutte contre l'ignorance et la recherche de la connaissance.
Deuxième aspect: entre l'idée de "concept abstrait" et "non abstrait", il existe toutes les variations possible: ce n'est qu'une question de densité d'information. En effet, "abstraire" permet de réduire la quantité d'information manipulée et donc d'accélérer les temps de traitement et d'échange. L'invention des symboles, des mathématiques et donc notre capacité accrue à faire preuve d'abstraction est archetypique de ce mouvement intellectuel qui a permis à l'humanité d'évoluer et de fonder les civilisations.
Aussi, à moins que je ne l’interprète de travers, vouloir supprimer à l’homme les moyens d'accéder facilement et simplement aux connaissances (encore une fois de manière abstraite) est un déni évolutif.
Encore une fois, cette vision de cycles multiples de 13, figés dans le marbre, en l’absence d’éléments mesurés dans la réalité me parait naïve et dangereuse. De fait, en recherchant les seuls éléments du monde "réel" permettant de conforter sa théorie, Carl Calleman ne mesure pas les contradictions (c'est un biais que je peux aussi reprendre à mon compte).
De façon à prendre le maximum de recul possible vis à vis de cette idée, j'ai cherché des études sur les cycles économiques, et en particulier des analyses à partir de transformées de Fourrier qui ont l'avantage de mesurer précisément la valeur des cycles.
Par chance, il existe une publication récente (2010) sur le sujet: "A Spectral Analysis of World GDP Dynamics: Kondratieff Waves, Kuznets Swings, Juglar and Kitchin Cycles in Global Economic Development, and the 2008–2009 Economic Crisis" (Korotayev, Andrey V et al.)
Les auteurs analysent sur 140 ans les cycles économiques et sur la base de l'évolution du GDP mondial(Gross Domestic Product = Produit Intérieur Brut mondial). Ils retrouvent des cycles connus tels que ceux de Kondratieff (52-53 années), Juglar (7-9 années) et Kitchin (3-4 années).
Ils prennent différentes hypothèses pour reconstruire les spectres de puissance, l'une de ces hypothèses consistant à tenir compte ou non des guerres mondiales.
Si l'on considère tous les pics qui dépassent la puissance de 1,5 beaucoup de signaux apparaissent, mais aucune période de 13 ans tel que défendu par Calleman (voir ci-contre).
Enfin un simple exemple pour terminer: j'ai enfin tenté de superposer le graphique de Calleman avec l'activité du Dow Jones Industrial, qui suit de relativement près l'activité économique mondiale (les bourses étant liées) :
Très clairement, sur son graphique, le pic 6 de Nov 2008 à Nov 2009 est en contradiction avec la réalité! En novembre 2008 le crash s'amplifiait encore. Et là où Colleman est supposé traiter de la matière économique préfère il note sur son graphique l'élection d'Obama ! Au nom de quel critère ?